L'inauguration de l'Inventorium

Ce soir était un grand soir pour la toute nouvelle attraction d'Ashwood. L'Inventorium. Plus ou moins attendu par les habitants, ce cabaret promettant soirées de débauche et de breuvages intensifs ouvrait pour la première fois ses portes dans la ville, remplaçant l'ancienne auberge qui avait été ravagée par un incendie. Elke Von Schwarzwald se devait d'être présente ce soir pour ainsi rédiger son article cette nuit.

L'établissement comportait deux étages, tenus par des colonnes à la taille de pierre soigneusement travaillée. Du haut de ces piliers, l'on pouvait distinguer des sculptures donc, chargées de détails... Il suffisait de s'y rapprocher pour y apercevoir des scènes assez burlesques... et charnelles. Les vitres étaient immenses, la lumière de l'intérieur qui s'y reflétait avait des dominances rouges et dorées. On pouvait remarquer d'imposants lustres étincelant au plafond, entourés de guirlandes... Les lettres qui composait "l'Inventorium", posée sur une façade aux courbures style nouille, clignotaient. Aucun rapport avec la bonne vieille taverne aux colombages qui s'y trouvait auparavant. Les avis des invités étaient très mitigés. La rédactrice nota rapidement sur son petit calepin ce qu'elle entendait dans le public.

"C'est... extraorminable ! Vraiment, un chef d'oeuvre moderne comme on n'aurait pu l'imaginer..."
"Tout simplement époustouflant... Inimaginable, inconcevable pour ma part... Je me hâte d'y entrer voir ce que ça donne !"
"C'est honteux. Ça n'est pas en ouvrant une telle bâtisse comblée d'insanités et de pervers que le taux de délinquance va baisser... Viens Charles-Edward, on s'en va !"
"On aura tout vu... La jeunesse s'en va dans un monde de fiéffés fêlés ! Ceci n'est qu'une bouffonnerie, et non pas un domaine culturel."

La fête d'ouverture semblait commencer. Sous fond de musique d'orchestre festif, des confettis argentés et de toutes couleurs voltigeaient du haut de la foule. Des jeunes damoiselles sortaient des grandes portes de l'Inventorium, de chaque côté des marches de l'escalier de marbre qui y menait, effectuant un déhanché sensuel et dynamique. Elles portaient un maillot de bain d'une pièce, et avaient de grandes plumes aux fesses de la couleur de leur habit. Le Lord Maire, un peu embarrassé par le spectacle, rougissait. Elke tentait de se frayer un chemin parmi la foule, pour pouvoir y voir quelque chose.